Bianca Costa : L'interview

Issue d’une double culture franco-brésilienne, Bianca Costa s’impose progressivement sur la scène musicale grâce à un mélange unique de bossa nova, funk brésilien et rap. Ayant grandi entre deux mondes, elle infuse ses origines dans chaque note, créant un univers vibrant où les sonorités tropicales se mêlent aux rythmes urbains. À quelques jours des élections législatives et fraîchement sortie de la scène du festival Main Square, où elle a captivé le public, Bianca s’est ouverte sur des sujets profondément ancrés dans l’actualité. 

Engagée et lucide, elle explore avec sensibilité le thème de « l’impact du rap sur les mouvements sociaux et politiques », fil conducteur de notre entretien. Elle nous livre également son ressenti sur l’importance de la scène dans sa carrière, ses influences musicales depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui, sa place au sein de la nouvelle génération…

Crédit Photo : Manon Louchart
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On fait cette interview dans un contexte assez particulier, on se retrouve ce soir au Main Square, à trois jours des législatives. Comment te sens-tu après être montée sur scène ?

Bianca Costa Artiste

Écoute, je me sens super bien. Je pense que, comme je le dis à chaque fois, pour moi, la musique, c’est vraiment comme une thérapie. C’est hyper important de pouvoir continuer à apporter de la bonne humeur, de la joie de vivre aux gens, de les faire danser. Et si je peux aussi profiter de ces moments de visibilité pour faire passer un message… j’ai pu rappeler au public l’importance d’aller voter, ce qui est très important. Je le fais aussi sur les réseaux, et pour moi, c’est incroyable de pouvoir vraiment mélanger le fait d’apporter de la joie de vivre et de faire passer des messages.

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Cet aspect de la scène, dont tu parlais à l’instant, tu as l’air de vraiment l’apprécier. On voit que tu y prends goût. Qu’est-ce que ça représente pour toi ? Est-ce parce que c’est ton public en particulier, ou est-ce que c’est toi, personnellement, qui as toujours aimé la scène ? D’où ça vient ?

Bianca Costa Artiste

J’ai toujours aimé la scène. C’est vrai que, culturellement, au Brésil, c’est très présent d’aller voir des lives. Tous les chanteurs font une version DVD de leurs albums. J’ai vraiment grandi avec cette envie d’être sur scène. Puis, toutes les idoles de mon époque, comme Shakira, Britney Spears, etc., c’étaient vraiment des tueuses sur scène. Pour moi, ça a été assez naturel. Après, je pense que c’est un peu la finalité de mon métier : pouvoir créer, partager avec les gens, voir comment ils réagissent, et recevoir un peu d’amour aussi [rires], ça fait toujours du bien. C’est vraiment une partie de mon métier que j’aime énormément.

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Justement, tu vas au-delà du simple fait de chanter. Tu as des danseuses sur scène, toi-même tu danses beaucoup. Est-ce qu’il y a d’autres arts qui t’inspirent au-delà de la musique et qui, au final, influencent ta création ?

Bianca Costa Artiste

Oui ! Je peux être inspirée par tout. C’est vrai que la danse a toujours fait partie de ma manière de m’exprimer, dans le sens où j’ai toujours chanté et dansé depuis que je suis petite. Mais je peux aussi être inspirée par le sport, la peinture, les films… Tout peut être une source d’inspiration, que ce soit pour des tableaux sur scène ou pour la manière dont on va interpréter une chanson. Je m’inspire de plein de choses différentes.

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Tout à l’heure, tu parlais des artistes qui t’ont inspirée, notamment Shakira et Britney Spears. J’avais vu une interview où tu parlais de ton arrivée en France et de ta découverte de la Sexion d’Assaut, de Diam’s, etc.

Bianca Costa Artiste

Exactement. En cours de musique, c’était fou parce que je suis arrivée en CM2, je ne parlais pas français, et mon cours préféré, c’était la musique, parce qu’on n’avait pas besoin de beaucoup parler [rires]. Ma prof nous avait fait découvrir la Sexion d’Assaut et Diam’s à l’époque. Ce sont donc les premiers artistes français que j’ai découverts. Soprano aussi, je me souviens que j’avais un téléphone où je ne pouvais avoir que deux chansons, c’était Soprano et Diam’s. Je les écoutais en boucle [rires]. Mais oui, ce sont vraiment les premiers artistes, avec Zaho, qui m’ont mis une claque en arrivant en France.

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Du coup, depuis, est-ce qu’il y a d’autres artistes qui influencent encore ta musique aujourd’hui ?

Bianca Costa Artiste

Carrément, surtout avec l’évolution du rap dans la nouvelle génération, je peux m’inspirer énormément. Il y a notamment quelqu’un qui m’a beaucoup inspirée, c’est Ninho. En termes d’écriture, parfois, je me dis : « Comment Ninho aurait écrit ça ? » J’adore ses rimes, elles sont hyper riches. Donc oui, aujourd’hui je continue de m’inspirer de tout le monde, y compris de la nouvelle génération. Par exemple, Kerchak, la manière dont il pose son flow, je trouve ça hyper intéressant. Je reste très attentive à tout ce qui se fait.

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Tu collabores même un peu avec cette génération, je pense notamment à Beendo Z ou encore LEVELSANTANA.

Bianca Costa Artiste

Oui, ce sont des gens de mon âge, et c’est trop bien, tu vois.

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C’est trop cool que tu arrives à t’y identifier. Pour en revenir au contexte politique, Aujourd’hui on parle beaucoup de gentrification du rap (embourgeoisement du public, venant de plus en plus de milieux favorisés économiquement), ce qui en découle est qu’on peut voir une partie du public écouter du rap et voter extrême-droite, est-ce que tu penses que c’est quelque chose qui pourrait être voué à s’améliorer à l’avenir, que les concernés prennent conscience des valeurs de ce qu’ils écoutent, notamment grâce à ce que véhiculent les artistes contre ces mouvements ?

Bianca Costa Artiste

Je pense que c’est hyper important de parler de ces sujets-là, mais il faut faire très attention à la manière dont on le fait. Dans le rap, on a une grosse responsabilité, ce qui est normal, parce qu’à la base, le rap a été un moyen de se politiser et de parler d’une réalité ; mais au départ, c’était aussi quelque chose pour ambiancer les gens. Le hip-hop, à ses débuts, ce n’était pas du tout politique. Donc je ne blâme pas les rappeurs qui ne se politisent pas, ou qui le font de manière un peu maladroite, je comprends. Le rap, ce n’est pas seulement « si tu es rappeur, il faut que tu te politises ». Chacun vit sa réalité.

Je ne sais pas si la situation va vraiment s’améliorer, je pense que c’est par cycles, ça change avec le temps. Certains sont plus touchés par certains sujets et vont en parler davantage, tandis que d’autres vont essayer, mais parfois se perdre dans le message. Il faut faire attention, car c’est notre seul moyen de nous exprimer, et si tu gâches cette chance, on va encore plus te tomber dessus. Mais encore une fois, je ne blâme personne, chacun fait avec ce qu’il a à dire et selon sa réalité.

Je trouve important que tout le monde écoute le rap, que ce genre touche un maximum de personnes. 

D’ailleurs, comme dans la variété, il y a plein d’artistes dont on sent, à travers leurs chansons, qu’ils ne votent pas à droite, mais pourtant ils ont quand même un public de ce bord, c’est pas grave. Tant que l’art touche les gens, c’est l’essentiel. Après, bien sûr, il y a des artistes comme Médine qui balancent des textes puissants. Je ne pense pas qu’il ait des gens de droite dans son public (rires). Et puis, il y a des rappeurs que tu écoutes juste pour kiffer, et encore une fois, ce n’est pas grave. Il ne faut pas faire une guerre au genre. L’essentiel, c’est que le rap continue de se développer et de toucher le plus de monde possible. De notre côté, on doit continuer de se conscientiser et essayer de faire passer les messages de la meilleure des façons.

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On arrive à la fin de l’interview. Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ? Est-ce que tu as des ambitions précises ?

Bianca Costa Artiste

De rester en France [rires]. Non, en vrai, on peut me souhaiter plein de concerts encore, parce que c’est vraiment ce qui me plaît le plus. Que je puisse continuer à tourner, finaliser mon album, parce que ça fait deux ans que je suis dessus, et j’ai hâte de pouvoir enfin le sortir. Une belle carrière et une bonne santé.

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