Raiki : L'interview
Peu avant sa performance au festival Pose Ta Prose 2024, Raiki s’est prêté au jeu de l’interview, sa toute première. Après avoir fait ses premiers pas en musique aux côtés d’ODIN, celui-ci s’est forgé son propre univers, à la fois introspectif et glaçant. Avec la sortie de son dernier projet, Hiver 99, un EP aux sonorités froides et introspectives, il explore des terrains musicaux marqués par la mélancolie et la réflexion. Loin de la surexposition médiatique, Raiki préfère laisser parler sa musique avant tout. Dans cette interview, il revient sur sa carrière, ses influences, et ses réflexions, à la fois sur son art et sur le climat social actuel.
Digital&Ce Interviewer
Comment tu te sens avant d’aborder ta scène ?
Raiki
Artiste
Un peu de pression, pour moi c’est un peu nouveau tout ça, ça va être la quatrième fois que je monte sur scène et la deuxième que c’est pour moi. Sinon, j’apparaissais sur les sets d’Odin, donc là, un peu de pression, mais vu que le festival est quand même dans une bonne ambiance, que tout le monde est chill, la pression s’enlève un peu au fur et à mesure, donc ça va le faire, on se sent bien.
Digital&Ce Interviewer
Aujourd’hui on te retrouve sur le festival Pose ta Prose, tu performes pendant la même soirée qu’Odin, un proche à toi. Est-ce que tu peux nous parler de votre relation ? Comment vous êtes-vous connus ? Est-ce que vous taffez vos sons ensemble ?
Raiki
Artiste
On s’est connu il y a sept, huit ans, par le biais d’un autre pote qu’on avait en commun, et au final on est restés reufs. Lui, il était déjà dans le son, il avait déjà eu un autre groupe avec Nefaz qui s’appelait La Phase, donc moi j’allais déjà les voir en concert, j’étais déjà un peu là. Après, y’a eu un autre groupe, j’ai commencé à les suivre, à aller en studio, à voir comment ça se passait, à m’intéresser au truc. Et est venu le premier confinement, je me suis dit « ok, qu’est-ce que je veux faire de ma vie », et je me suis dit, je crois que la musique c’est le seul truc qui me lasse pas. Au bout d’un moment, faut accepter ce qu’on est, moi c’est ce que j’aime, ce que j’ai envie de faire, à un moment donné faut prendre son courage à deux mains, faut y aller, donc j’ai tracé, et notre amitié s’est renforcée encore plus avec la musique, et on se suit depuis.
Digital&Ce Interviewer
T’as récemment sorti ton projet « Hiver 99 », un projet très froid dans lequel tu te livres sur certains points. Est-ce que c’est un aspect que tu voulais développer depuis le début de création du projet ou c’est quelque chose qui est venu au fur et à mesure ? Et pourquoi avoir choisi cet aspect ?
Raiki
Artiste
Je pense que c’est un truc qui s’est développé naturellement dès que j’ai commencé à faire de la musique, c’est un truc qui est arrivé dès que j’ai fait mes premières maquettes, et là, j’ai voulu l’exposer plus profondément sur un projet, avec le thème de l’hiver. C’est un truc que j’avais en tête depuis longtemps et là on va explorer de nouvelles choses après.
Digital&Ce Interviewer
Je rebondis là-dessus, t’es masqué, tu ne montres pas ton visage pour rester anonyme, est-ce que c’est aussi une manière pour toi de pouvoir être plus introspectif, de pouvoir te livrer plus facilement ?
Raiki
Artiste
Je pense que ça n’aurait rien changé, même si j’avais décidé de ne pas cacher mon visage, j’aurais été chercher ces musicalités, ces thèmes. Mais le masque, je pense que c’est vraiment un truc que j’avais en tête dès le début, mais c’est pas ça qui va guider le choix de ma musique. Après, peut-être que ça aide inconsciemment, y’a peut-être une part de ça, c’est possible. Mais je ne le pense pas comme ça.
Digital&Ce Interviewer
Et l’argumentation principale qui répond au fait d’être masqué, c’est par crainte de la popularité, c’est plutôt pour le fait que tu veuilles montrer ta musique avant de montrer l’humain, quel en est le but ?
Raiki
Artiste
Les deux, c’est très bien dit ça, les deux parce que la popularité, la surmédiatisation d’image partout, le culte de la personne, j’ai énormément de mal avec ça, je trouve ça trop toxique. Combien de gens en ont parlé et dit que c’était pas bon pour un humain de vivre ça, donc j’ai pas envie de le vivre (rires). Pour en revenir à la musique avant l’humain, ça c’est un gros débat qu’on a eu avec Odin, c’est que moi je voulais pas faire de clip, pas d’image, et laisser parler que la musique. Malheureusement aujourd’hui, on est dans une ère qui ne permet pas ça, et j’ai pas la popularité qui va avec non plus, mais si je pouvais, j’enverrais que de la musique et très peu d’image, parce que pour moi c’est ce qui doit primer avant tout. Le fait de me masquer et de ne pas montrer qui est derrière tout ça, ça laisse plus de place à la musique, donc ouais ça je trouve ça important quand même.
Digital&Ce Interviewer
Aujourd’hui on se retrouve dans un contexte un peu particulier, on est à deux jours des élections. Pour couvrir le festival, on a décidé d’aborder le thème de « l’impact du rap sur les mouvements sociaux et politiques ». Est-ce qu’en tant qu’artiste, tu te sens concerné par la situation ?
Raiki
Artiste
En tant qu’artiste, oui. En tant qu’humain, en tant que Français, oui. Après, j’essaye de prendre un peu de recul là-dessus parce que j’ai pas énormément de connaissances sur le sujet, je fais pas trop l’effort de me renseigner honnêtement, parce que j’ai grandi dans un milieu où mes parents sont très déconnectés de ça. On est partis vivre à l’étranger, tout le climat politique ça n’a jamais été un sujet, on m’a jamais parlé de choses comme ça. Je suis pas intéressé et je m’y intéresse très peu, mais évidemment que je pense qu’il faut faire barrage à l’extrême-droite, et ça, ce sera toujours le cas. Mais le problème c’est que c’est pas tout rose partout non plus, donc je trouve ça un peu compliqué. Mon avis est assez flou et trop peu renseigné pour que je pense que je puisse me permettre de donner des conseils. J’ai pas envie de jouer un rôle moralisateur alors que moi-même je ne suis pas forcément serein quand je parle de sujets comme ça.
Digital&Ce Interviewer
On va rapidement aborder tes influences. Est-ce qu’il y a des artistes qui t’ont vraiment impacté, toi, ta musique et ton art ?
Raiki
Artiste
Parmi ceux qui m’ont donné envie de faire de la musique, c’est Laylow qui prime. Quand on voit la liberté et toutes les DA qu’il a pu faire, c’est tellement enrichissant que ça fait partie des choses qui m’ont donné envie de faire de la musique.
Digital&Ce Interviewer
Tu l’as connu quand ?
Raiki
Artiste
Je l’ai connu en 2018 avec « .RAW ». Et après « .RAW-Z », on est allés le voir en concert à ce moment-là, c’était incroyable. Sinon, il y a Wit., Josman que j’ai énormément écouté, je me souviens aussi d’une période où j’écoutais à balle Dosseh. Mes premiers pas dans le peura c’était 1995, j’étais fan de Guizmo, j’étais fan d’Alpha Wann et tout, c’était vraiment ça. Après, vu qu’on est un peu des matrixés, on écoute beaucoup tout ce qui se passe. On se retrouvait dans la voiture pour faire des écoutes d’albums.
Digital&Ce Interviewer
On arrive maintenant à la fin de l’entretien, est-ce que tu peux nous parler de tes ambitions, qu’est-ce qui va suivre derrière « Hiver 99 » ?
Raiki
Artiste
Est-ce qu’on le dit ou pas (rires) ? Là, on bosse sur un projet en commun avec ODIN, normalement c’est ce qui va arriver après. Ça faisait longtemps qu’on en parlait, donc l’objectif ça va être ça après. Lui, il a déjà une autre idée de projet après, moi aussi, on a les idées de projet aussi avec le groupe CMAN qui fleurissent doucement. En vrai, vu qu’on a toujours la tête dans le guidon et qu’on est en train de penser à l’après, la visualisation dans le futur se fait un peu naturellement.
ODIN
Artiste
Comme on parlait tout à l’heure de direction artistique, il y a tant de morceaux qui vont être dans une certaine DA. Je sais que Raiki en a dans des directions bien précises. On va suivre une certaine optique pendant un temps, mais après, on aimerait bien faire un projet où il y a un peu plus de tout, où ce sera plus travaillé comme un album. Parce que « HIVER 99 », on l’a vraiment travaillé comme une mixtape, donc morceau par morceau. Mais à l’avenir, on envisage des enchaînements d’albums, des DA plus globales, avec un mélange plus riche. Pour l’instant, ça reste quand même dans une certaine direction. Même pour notre projet, finalement, on ne sait pas exactement vers où on va aller, parce qu’on est encore en phase de création, on est au laboratoire, et on verra par la suite.
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