Digital&Ce Interviewer
GEAVN comment vas-tu ?
GEAVN Artiste
Ça va très très bien, et toi ?
Digital&Ce Interviewer
Ça va nickel ! Ça fait plusieurs années que tu fais de la musique. Tu as sorti trois projets en solo et tu avais également un groupe avant de te lancer. Tu viens de sortir ton projet « L’AMOUR SUR LES CENDRES ». D’après ce que j’ai ressenti, il y a vraiment une nouvelle direction. Est-ce que tu as l’impression d’avoir évolué avec cette sortie?
GEAVN Artiste
C’est pas forcément la sortie en elle-même qui me fait évoluer, car ça fait un moment que nous travaillons sur cette nouvelle direction. C’est surtout qu’à un moment donné, je n’étais plus tellement sûr de moi et je savais pas si je voulais continuer dans la musique. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont fait changer d’état d’esprit et m’ont redonné confiance en moi. Ils ont cru en mes capacités comme personne avant eux, et cela m’a remis dans le bain malgré des moments difficiles de ma vie tels que la perte de mon père et de mon travail. Tout s’est emmêlé, et il fallait un renouveau, une sorte de nouveau départ, que ce soit musicalement ou humainement. « L’AMOUR SUR LES CENDRES » est une sorte d’aboutissement contrairement à « NIRVANA », dans lequel on retrouvait beaucoup de vieux morceaux et qui était moins travaillé. Avec « L’AMOUR SUR LES CENDRES », nous avons cherché à raconter une histoire. Mon label « Dalia » m’a accompagné sur ce projet et nous avons travaillé ensemble pour sortir ce projet. J’étais déjà dans un esprit de renouveau depuis longtemps finalement, mais nous avons voulu prendre le temps de bien faire les choses. Le premier morceau date d’il y a au moins un an maintenant, et nous avons pris le temps de travailler sur les visuels et autres détails importants. Je suis très content que le projet soit enfin sorti et disponible pour tous.
Digital&Ce Interviewer
Trop bien, tu t’es toujours appelé Routs Wayne jusqu’ici, aujourd’hui t’as changé de blase pour GEAVN, pour quelle raison tu as changé, est-ce que ça a un rapport avec la sortie de ton projet ?
GEAVN Artiste
Ça reprend un peu ce que je t’ai dit dans la première question. J’avais besoin de changement et j’étais dans une période où j’avais besoin de tout changer. Ce nom ne me correspondait plus depuis des années, mais comme je ne faisais plus de musique, je m’en foutais un peu. Cependant, avec le nouveau projet, nous avons une nouvelle direction artistique et nous apportons d’autres choses. Nous travaillons beaucoup plus sérieusement et en profondeur. C’était le moment ou jamais de changer de nom. Je voulais vraiment le changer depuis 2018, mais quel intérêt ça aurait eu si je sortais rien ? Ça a pris un peu de temps, mais me voilà enfin sous ce nouveau nom, GEAVN.
Digital&Ce Interviewer
On retrouve beaucoup d’influences dans tes sons, notamment en passant par le rock avec Nirvana, Kurt Cobain et autres. Est-ce qu’il y a des artistes qui t’ont vraiment influencé en tant que personne et dans l’artiste que tu es aujourd’hui ? Si oui, qui sont-ils ?
GEAVN Artiste
Répondre à cette question est assez complexe car j’ai l’impression que ce sont plus des « vibes » qui m’ont influencé plutôt que des artistes en particulier. Mon père n’écoutait pas beaucoup de musique, mais ma mère écoutait beaucoup de musiques de la Réunion étant donné qu’elle est réunionnaise. J’ai grandi avec ces mélodies sega, maloya et autres, mais moins avec de la musique française ou du rock. C’est plus tard avec ma sœur que j’ai commencé à écouter du Hip-Hop, RnB et même du Dancehall avec des artistes comme Sean Paul, mais c’est vrai que les sonorités n’étaient pas très variées. J’ai aussi découvert le rock, le rap et un peu de reggae, mais c’est surtout à partir de mes 12 ou 13 ans que je me suis vraiment intéressé au rap, en écoutant des artistes tels que Sinik, Booba, Diam’s, La Fouine, je suivait les nocturnes toutes les semaines sur Skyrock. J’écoutais les grands classiques comme Time Bomb, et c’est grâce à ma sœur et ma mère que j’ai développé mes goûts musicaux actuels. Elles m’ont notamment permis de faire des morceaux comme le feat avec IPNDEGO avec des rythmes plus RnB et dansants. J’ai toujours aimé ça, et on peut d’ailleurs retrouver ces influences sur le morceau « Angoisses ».
Digital&Ce Interviewer
Globalement, j’ai trouvé ton projet très introspectif, est-ce que c’est voulu, est-ce qu’au moment de la création t’avais ça en tête ?
GEAVN Artiste
C’est une très bonne question parce que c’est une question que je me suis évidemment posée, sachant que dans les morceaux que je faisais avant, que ce soit dans mon groupe ou même après quand j’ai commencé à faire du son tout seul, je parlais très peu de moi ou alors c’était vraiment une phase par-ci, par-là. J’étais plus dans un délire de personnage. Mais une fois qu’il s’est passé tout ce qui s’est passé dans ma vie, je ne voulais plus refaire de la musique en étant quelqu’un d’autre que moi. Donc c’est une question que je me suis posée même avant de faire le projet et j’ai confirmé ce truc-là en écrivant. Plus les morceaux avançaient, plus ce que j’écrivais était dans le même état d’esprit. Je ne voulais surtout pas rentrer dans du faux ou dans du personnage, même si évidemment, parfois je me fais plaisir en faisant de l’égotrip. Mais dans la globalité, ça reste des sujets réels et je pense que c’est important. Parce que quand d’autres artistes parlent de rien ou sont dans un personnage, ça me touche moins personnellement. Ce n’est pas ce que j’aime écouter. Je pense que ce qui nous différencie tous, c’est la vie que l’on a. Finalement, c’est ce qui fait que tu es un artiste accompli : oser parler de soi.
Digital&Ce Interviewer
On retrouve deux artistes en collaboration sur le projet, déjà Akazera, je crois que c’est un producteur ? Est-ce que tu peux nous en parler ?
GEAVN Artiste
Carrément, il produit beaucoup à la base, mais il fait aussi du son sans pour autant sortir beaucoup de choses. On l’a rencontré très peu de temps avant de partir en résidence et le courant est bien passé. Nous l’avons donc invité à la résidence où nous avons travaillé sur des morceaux avec Juxe, un producteur. Il y avait un morceau pour lequel je n’arrivais pas à trouver de refrain, alors il m’a aidé et a trouvé une mélodie qui était trop cool. Il a écrit les paroles et nous les avons gardées sur le morceau. Ce n’était pas du tout prévu, mais au final, cela s’est vraiment fait sur l’instant, donc c’est très cool.
Digital&Ce Interviewer
Ensuite, il y a aussi IPNDEGO, qui sort plus de sons et qui est plus reconnu. Peux-tu nous parler de lui ? Comment la collaboration s’est-elle faite entre vous ?
GEAVN Artiste
On s’est connus il y a un gros moment. J’ai découvert IPNDEGO parce qu’il travaillait dans le même studio que moi et l’ingénieur du son m’a fait écouter sa musique. Dès la première fois que j’ai entendu sa musique RnB, j’ai été impressionné. Surtout que j’entends très peu de gens en France qui font du RnB de ce niveau-là. Ensuite, on s’est retrouvés lors d’une session chez un ami et le courant est super bien passé. Tellement bien passé qu’on a passé plus de temps à faire autre chose que de la musique. On était très procrastinateurs. On a fait beaucoup de sessions où on ne faisait pas de musique, ou alors on faisait des maquettes, mais on ne les finissait jamais. On doit avoir un projet commun de maquettes (rires). Avec le temps, on s’est un peu responsabilisés dans ce que l’on voulait faire, car nos chemins étaient différents. On s’est dit qu’il fallait quand même être un peu sérieux. Alors, on a fini par faire un vrai projet. IPNDEGO s’est un peu professionnalisé, et de mon côté aussi. Nous avons réussi à enfin nous concentrer et à faire de la musique pour de vrai. Suite à tout cela, il était évident qu’il devait être sur le projet.
Digital&Ce Interviewer
C’était pas trop tard (rires), y’a deux morceaux qui m’ont vraiment marqué musicalement, “Charmed” et “JET & SCOOTER”, j’ai trouvé que les effets de voix étaient particulièrement poussé, c’est Juxe qu’on retrouve sur quasiment l’entièreté des prods et des mixs, comment est-ce que vous avez bossé, est-ce qu’il a lui aussi apporté ses pierres à l’édifice, est-ce que tu savais déjà ce que tu voulais ?
GEAVN Artiste
Ça me fait plaisir que tu dises ça. C’est vrai que ces deux morceaux, on s’est vraiment amusé au niveau du mix. Yes, il y a des co-prods, mais il est sur toutes les prods et tous les mixs. Je ne savais pas du tout ce que je voulais au moment de la conception. En gros, au début, on ne savait pas où on allait, mais les morceaux qu’on faisait se correspondaient bien, malgré qu’ils n’étaient pas forcément dans le même délire au niveau des sonorités. On trouvait qu’en termes de thèmes abordés, d’écritures, d’interprétations, ça matchait vraiment bien. On était un peu tous les deux là-dessus à se rendre compte de la direction que ça prenait. Moi, je ne fais que l’écriture, l’interprétation, la mélodie, mais lui, en termes d’arrangements, de mixage de la voix, d’effets, tous ces trucs-là, c’est lui le magicien. Il arrive à embellir des choses que je n’imaginais pas forcément de cette manière. Une fois, j’avais posé sur une prod trap très basique, je lui envoie mon accap et il me la renvoie posée sur une prod 2step. Je me suis dit « Waouw, ok, trop chaud mec ». Tout ce qu’il apporte, ce n’est pas du tout mon taf, j’y connais rien, c’est vraiment un duo.
Digital&Ce Interviewer
C’est un artiste à part entière aussi ! J’ai eu la chance de te voir performer plusieurs fois sur scène. Est-ce que c’est un aspect que tu kiffes dans la carrière d’artiste ou est-ce que tu es plutôt studio ? Comment tu vois ça ?
GEAVN Artiste
Avant, j’étais clairement plus sur scène parce que je n’avais pas de studio, donc pas le choix (rires). Puis quand on a commencé à faire de la musique avec tous mes potes, même avec des gens comme Coelho, on a fait plein de soirées, on rappait tout le temps, des open mics, dans la rue, on était tout le temps en train de performer. On était beaucoup moins en studio parce qu’on n’en avait pas. On avait un micro à 50 balles avec une carte son à 50 balles et un ordi pourri sur lequel tu faisais tes maquettes sur Audacity, donc forcément, ce n’était pas super agréable. Mais en même temps, ça nous a aussi permis de comprendre et d’apprendre comment fonctionnait la musique. On se débrouillait tous seuls, on trouvait des prods sur des sites un peu obscurs, j’ai même oublié les noms (rires). Par défaut, on préférait la scène. Peu importe les sons et les shows que tu avais, les gens étaient réceptifs, on était dans une énergie de fou, je dis ça parce qu’on était vraiment nombreux à ce moment-là. Avec le temps, disons que j’ai plus envie d’aller sur scène pour rien. Disons que je n’ai plus envie de faire un concert si je sens qu’il ne va pas être vraiment travaillé. Aujourd’hui, je suis là pour vraiment apporter quelque chose. Je ne suis pas là juste pour interpréter mes sons, sinon tu vas sur Spotify, tu mets play et ça ne sert à rien. Donc je préfère en faire beaucoup moins qu’avant, mais vraiment les travailler et apporter quelque chose de différent qu’une playlist Spotify. C’est un peu pareil entre le studio et la scène aujourd’hui. Je passe vraiment beaucoup d’heures en studio. Je ne peux pas dire que je préfère le studio à la scène parce que ce serait mentir, mais j’aime autant les deux aujourd’hui.
Digital&Ce Interviewer
Tu parles beaucoup du futur dans tes sons, tu parles de tes rêves. As-tu des rêves ou des ambitions que tu aimerais vraiment atteindre dans la musique ?
GEAVN Artiste
Il y a une période où j’aurais pu te répondre que oui, mais depuis quelques temps, j’essaie de ne plus me mettre de rêves ou d’ambitions de façon précise sur les choses. J’ai plutôt atteint un objectif global dans ma tête où je me dis que j’ai un toit, j’ai des potes, j’ai à manger et je suis en quête de cela tout le temps maintenant. Peu importe ce que je fais dans ma vie, que ce soit au niveau de la musique ou dans mes relations amicales, amoureuses, familiales, tout ce que tu veux, c’est juste une recherche plus globale. Je ne me fixe rien, je veux juste être heureux quand je rentre chez moi et quand je me lève.
Digital&Ce Interviewer
Merci à toi.
GEAVN Artiste
Merci à vous, merci pour l’interview, merci du temps.
Auteur/autrice
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Fondateur de Digital&Ce RP, Graphiste, Interviewer, Rédacteur